L’impossible deuil d’Hisham Terrak, à la recherche de son père
depuis cinq ans.
Épuisé par ces années à essayer de retrouver son père disparu à Champigny, Hisham Terrak a accepté l’idée qu’il ne pourra pas faire son deuil. Et il continue de se battre, pour ne « pas avoir de remords ».
« Ce n'est pas lui malheureusement, merci. » Hisham Terrak a envoyé ce message tellement de fois que les mots s'affichent automatiquement sur son portable.
Cela fait maintenant cinq ans que son père, qui présentait des signes de la maladie d'Alzheimer, a disparu du jour au lendemain de son appartement de Champigny. Cinq ans à forcer des portes, à suivre des fausses pistes, à se cogner dans des impasses. Cinq ans à oublier de vivre.
« Je suis arrivé au bout de mes capacités, souffle Hisham. J'ai pris conscience que c'est moi que je mettais en danger. Je ne dormais plus, je ne mangeais plus, je ne travaillais plus. J'ai fermé ma société il y a trois ans. »
Des milliers d'affiches placardées.
Des années entièrement vouées à la recherche d'un père qui ressemble de plus en plus à un fantôme. Il a tout fait pour le retrouver. Placarder des milliers d'affiches, envoyer des messages sur tous les réseaux comme autant de bouteilles à la mer n'arrivant jamais entre les mains des bonnes personnes.
Il a reçu tellement d'informations qu'il a fini par se noyer dedans. « J'ai encore des messages de 2015 que je n'ai pas lus ou des mails que je n'ai pas ouverts », soupire-t-il. Ce n'est pas faute de consacrer du temps à cela. C'est tout le paradoxe de cette chasse à l'aveugle. Plus on cherche, plus on trouve, plus on doit vérifier. Et c'est toujours un coup d'épée dans l'eau.
Faire le tri des plaisantins, déceler les escrocs.
Il doit composer avec les plaisantins, les « gens de bonne foi mais pas du tout physionomistes » et même les escrocs. « C'était juste avant l'hiver, se souvient-il. Des gens m'ont appelé du Maroc. Ils m'ont dit on sait où est votre père. Il était censé se trouver chez une famille. Mais je devais évidemment graisser la patte à cette famille. Bref, il fallait que je leur envoie de l'argent… »
Sur la page Facebook qu'il a créée pour recueillir des informations, il vient d'envoyer un message adressé son père. Il parle de toutes ces personnes qui l'appellent. « Oui papa l'humain est bizarre, il est égoïste, égocentré et cruel, mais heureusement, il est bon la plupart du temps. »
Près de 10 000 adultes ne sont pas retrouvés.
Il faudra bien plus que des escrocs ou des blagueurs pour décourager Hisham ; même si sa quête se fait maintenant à un rythme moins effréné. Le comble dans cette disparition, c'est qu'à force de remonter le cours de la vie de son père, il a maintenant l'impression de mieux le connaître.
Je me suis retrouvé à des endroits où il a pu habiter. J'ai reçu d'autres photos de lui. Il appartient à cette génération d'immigrés qui n'était pas très communicante. Quand j'en parle maintenant à des repas de famille, pas mal de gens restent bloqués.
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Mais l'essentiel de son combat depuis ces cinq années, c'est évidemment la collaboration avec toutes les institutions susceptibles de retrouver son père. Chaque année en France, près de 10 000 adultes disparaissent comme ça du jour au lendemain et ne sont pas retrouvés. On appelle parfois Hisham pour lui demander conseil. « Je crois sans me tromper qu'ils ont tous retrouvé leur proche », écrit-il dans le message qu'il envoie à son père. Pas lui. « Je leur disais de ne pas s'égarer, d'être le plus efficace possible en se rendant dans les endroits les plus fréquentés. »
« Apprendre à se démerder tout seul »
Et surtout, il continue à se battre pour que les recherches soient centralisées. Eviter de toujours raconter la même histoire à des services qui ne communiquent pas.
Il garde en mémoire la seule fois où il s'est énervé. Un enquêteur de la police judiciaire l'avait appelé pour lui demander si son père était « tatoué et chauve ». Combien de fois avait-il donné sa description... «Non, il n'est pas chauve et tatoué. »
« Il faut rappeler sans cesse. » Répéter l'après-midi à l'employé d'un hôpital, par exemple, ce qui avait été déjà dit le matin à un autre interlocuteur du même hôpital.
Apprendre que son père a pu très bien quitter le pays sans que les autorités en soient alertées.
Se battre pour pouvoir visionner des images de vidéosurveillance de la RATP parce que des témoins assurent avoir aperçu le vieil homme, qui devrait avoir 83 ans maintenant. « Apprendre à se démerder tout seul », résume-t-il.
Aujourd'hui, il rédige une sorte de notice qui sera présentée à un groupe de travail à l'Assemblée nationale pour que toutes les recherches soient enfin coordonnées.
Un travail lent, fastidieux qu'il mène avec les forces qui lui restent. Pourquoi ne fait-il pas le deuil au bout de cinq ans ? « Je n'y arrive pas. Je vis avec l'idée qu'il ne faut pas avoir de remords. »
Si vous l’apercevez ou si vous avez des informations le concernant essayez de le retenir le temps d’appeler , le commissariat de Champigny au 01.45.16.84.00. Ou l’association A.R.P.D. au 06.32.78.29.25
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AVIS DE RECHERCHE / APPEL A TÉMOINS
J’ai refait le tour, accompagné, seul, tous les endroits où tu serai passé, où quelqu’un t’aurait vu, reconnu. Tu ne sais même pas à quel point c’est dur…rouler, marcher, dévisager tous les petits vieux, oui car ils te ressemblent tous, ils se ressemblent tous, c’est encore plus dur, les gens me dévisagent à mon tour, normal, personne ne roule ou marche très lentement dans les rues en regardant avec attention les gens en terrasse, dans les parcs, mosquées, camps de sdf ou encore soupes populaires...
Je ne sais plus où aller, donc je passe et repasse…
Les signalements se font de plus en plus rare…
On me dit de me reposer, j’essaye mais j’y arrive pas.
On me dit de passer du temps avec les miens, j’y arrive mais finalement mon esprit est trop loin.
J’ai perdu le sourire, difficile de rester zen, ou de penser à autre chose, même quand la vie suit son cours. Dur d’être positif ou de profiter des moments présents surtout quand ils sont bons et avec ceux que t’aime, je fuis le bonheur des autres j’avoue...
On ne voit pas mes larmes car elles coulent à l’intérieur, j’ai pas le choix.
Y’a pas si longtemps que ça tu m’as dit que j’étais un homme et que tu étais fatigué, j’espère te manquer, j’espère être un bon fils, est ce que tu ressens ma peine, partagé entre la rage et la tristesse ton absence nous blesse, j’ai une cicatrice de plus sur le coeur...
1 mois déjà ... mais patience...
Ton fils Hishâm.
Depuis le 17 juillet, tu es quelque part, là, dehors, je ne sais où, est ce que tu manges à ta faim ? Est ce que tu dors sur un lit ? Est tu en bonne santé ? Te rappelles tu au moins d'où tu viens ?
Te souviens tu de ton nom ? Te rappelle tu avoir une famille ?
Aujourd’hui j'ai reçu un appel me disant que tu étais quelque part sur Paris, très rapidement je me retrouve sur place...puis rien...je cherche, je tourne...mais rien.
Tu joues à cache-cache, tu es en cavale ? Est ce que c'est bien toi qu'on a vu au moins ?
J'ai affuté mes sens, surtout la vue. Je vais partout, les rues glauques, mal famées, les camps d'sdf et de réfugiés... On t'aurai vu ici, par là... mais moi je ne te vois pas, pourtant je ne suis pas seul...
L'épreuve, car s'en est une, devient plus que difficile, clairement je n'ai pas de mot pour la définir, je ne sais pas d'où je puise le peu de force qu'il me reste pour aller à ta recherche. Je t'écris bien que je sais que tu ne lira jamais cela...
Sache que notre famille s'est agrandie depuis que tu a disparu, de nouvelles sœurs, de nouveaux frères sont aussi à ta recherche...
je supplie le bon Dieu...
Ton fils Hishâm.
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URGENT
Monsieur Hel Mekki Terrak 79 ans
disparu de son domicile de Mordacs (94)
Le 17 juillet 2015
El Mekki Terrak, âgé de 79 ans, a quitté son domicile aux Mordacs le 17 juillet 2015 ne prenant ni ses papiers ni son téléphone. Il a du mal à se repérer dans l’espace.
Dimanche, des personnes l’auraient aperçu dans le Bois-l’Abbé mais il est toujours introuvable malgré les intenses recherches lancées par ses proches.
Depuis il a été aperçu à nombreuses reprises quartier Barbès, Stalingrad(métro château d’eau et à la goutte d’or)
Signe particulier :
Il a une dent en moins en haut bien visible lorsqu'il sourit. (voir photo)
Si vous l’apercevez ou si vous avez des informations le concernant essayez de le retenir le temps d’appeler , le commissariat de Champigny au 01.45.16.84.00. Ou l’association A.R.P.D. au 06.32.78.29.25
Sa famille qui n’en peut plus tant par l’inquiétude de ne pas savoir , ils effectuent de nombreuses recherches sur le terrain à chaque nouvelle information et nous ont demandé cette publication afin d’obtenir le maximum d’information.
Si vous diffusez cet avis, le seul lien et photos sont ceux de l’A.R.P.D, car le dossier et les photos nous ont été confiés par la Famille. Merci d’avance à tous de le Partager complet avec l’acronyme arpd et le texte crée pour cette publication.
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Sur les traces d'un malade d'Alzheimer
Champigny,. Disparu le 17 juillet 2015, El Mekkir Terrak aurait été aperçu à plusieurs reprises dans le XVIIIIe et XXe arrondissement de Paris .
« Nous sommes épuisés, mais en même temps, le fait de savoir qu’il a été aperçu plusieurs fois sur Paris, nous donne une énergie et un espoir fantastiques ». Hishâm, le fils du retraité de 79 ans, disparu depuis le 17 juillet 2015 de Champigny, refuse de se laisser abattre.
« Depuis que nous avons diffusé des avis de recherches, nous avons reçu le soutien de dizaines de personnes qui travaillent ou vivent vers Barbès où il a été vu à plusieurs reprises. L’appel a été relayé à la RATP, auprès de la police des transports, des commerçants, sur Facebook par des amis, des amis d’amis… C’est un grand réconfort ».
Et la mobilisation pour repérer ce malade d’Alheimer a payé à plusieurs reprises. « Jeudi dernier, nous avons rencontré des CRS qui l’avaient vu, à peine une demi-heure avant. Il leur avait paru désorienté, ils lui ont proposé à boire, à manger. Il cherchait l’hôtel Saint-Pierre ».
Empoignant ce maigre indice à bras-le-corps, Hishâm se précipite dans cet hôtel au pied du Sacré-Coeur. « Il y aurait dormi deux nuits mais n’y était plus reparu quand nous sommes arrivés ».
Les proches ne lâchent pas. « Ce lundi matin, une dame m’a appelé : elle lui a parlé, vendredi matin. Là encore, il paraissait un peu perdu et très fatigué. Il cherchait la rue Mohamed VI à Casablanca ». Au fil des appels, le retraité est aperçu non seulement à Barbès mais aussi du côté de Stalingrad, près du métro Chateau d’eau, ou encore à la Goutte d’Or.
L’esprit confus d’El Mekki fait remonter les vieux souvenirs à la surface.
« Quand j’étais petit, dans les années 1980, il m’emmenait souvent à Barbès où nous avions de la famille, des amis, où nous trouvions des produits du Maghreb. Je ne suis pas surpris qu’il y soit retourné. Ce qui me rend fou, c’est que nous arrivons toujours trop tard… Mais en même temps, cela ne me surprend guère. Mon père n’a jamais bu, jamais fumé, il a vécu comme un ascète et il a toujours beaucoup marché. Il continue ». Car même si la maladie l’a fauché, il reste robuste.
Arrivé en France, il a d’abord travaillé dans les mines du Nord avant de venir faire le maçon en Ile-de-France, en s’installant d’abord au Bois l’Abbé à Chennevières puis à Champigny, toujours dans le même quartier. « Il a vite très bien parlé français mais aujourd’hui, avec sa maladie, il perd peu à peu son vocabulaire ». Un retour dans le passé que nul ne peut interrompre…
Si vous pensez avoir des informations concernant El Mekki ou si vous le croisez, n’hésitez pas à contacter le 06.59.95.77.44 ou le 06.83.00.07.95.
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Les proches d’El Mekki ratissent Barbès à sa recherche.
Paris, mercredi. Dans certains quartiers de Paris, comme près de la place de la République, les proches d’El Mekkir ont collé des affichettes avec sa photo tous les 20 m. Malgré plusieurs signalements, il n’a toujours pas été retrouvé.
C’est un « quadrillage » qui, ils l’espèrent, va finir par payer. Les proches d’El Mekki Terrak ont organisé une « battue », mercredi, à Barbès un quartier « familier » où il aurait été aperçu dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
Ce vendredi, cela fera deux semaines que le retraité de 79 ans, atteint d’Alzheimer, a disparu de chez lui, à Champigny.
Affichettes en main, espoir au coeur, la petite dizaine de personnes, dont l’association ARPD (Assistance et recherches de personnes disparues), s’est dispersée au départ du métro Barbès pour aller à la rencontre des passants, de rue en rue, de commerce en commerce. Mercredi, Hishâm, le fils d’El Mekki, a reçu plusieurs signalements. Un à la gare du nord, un autre à Champigny, un au métro Jourdain.
« La personne lui ressemblait vraiment mais ce n’était pas lui », déplore-t-il.
El Mekki aurait été aperçu assis sur un banc, près de la station de métro Max Dormoy. « Il était environ 18, 19 heures, précise Christophe, un ami de la famille. On se demande s’il ne voulait pas aller dans une soupe populaire ». Et d’aller vérifier qu’El Mekki ne se trouve pas dans une file, derrière la soupe organisée derrière la gare de l’est par exemple. Mais en vain. « On nous l’a signalé à Reims, à Beauvais… », soupire sa fille, Latifa.
« Vous avez vu ce monsieur ?, demande-t-elle au réceptionniste d’un hôtel. C’est mon papa, il est malade. » Devant la réponse négative, Latifa dépose une affichette pour l’accueil.
« J’ai déjà partagé l’avis sur Facebook, lance l’employé d’un café à deux pas. Courage à vous ! » Sa fille tente le coup aussi dans une bijouterie. « On ne sait jamais, sourit-elle. Il est peut-être venu vendre un bijou de famille ». Le jour de la disparition, Latifa voulait appeler son père pour la fête de l’aïd. « Il ne répondait pas. On a appelé les pompiers, en se disant qu’il avait peut-être chuté. »
Devant un avis de recherche accroché près du métro, un monsieur assure « croiser » régulièrement El Mekki depuis 20 ans. « Nous les anciens, on a l’habitude de se retrouver ici, sourit-il. On sera tous soulagé quand il sera retrouvé. »
Si vous avez des informations ou si vous croisez El Mekki, contactez le 06.59.95.77.44. ou le 06.83.00.07.95.
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Un an qu’El Mekki, 80 ans, est porté disparu.
Dans l’appartement de Champigny, les souvenirs commencent à s’entasser dans les cartons. Un an après la disparition d’El Mekki Terrak, ses proches ont dû se résoudre à rendre le logement qu’il occupait depuis quelques années. Le 17 juillet 2015, les pompiers brisaient une fenêtre de cet appartement pour découvrir que le vieil homme, à l’époque âgé de 79 ans et atteint d’une maladie de la mémoire de type Alzheimer, s’était comme volatilisé, sans ses papiers d’identité.
Depuis, ses enfants n’ont pas cessé de le chercher. « Quand je me retrouve seul ici, sans mon père, c’est très dur mais surtout, je ne peux pas arrêter de cogiter, de me demander où il est », répète Hishâm.
Après la disparition, le jeune homme avait placardé le visage de son père dans tout Champigny mais aussi dans le quartier de Barbès à Paris (XVIIIe) où El Mekki avait pour habitude de se promener.
« J’ai arrêté. S’il vit dans la rue, il n’aura plus la même tête qu’il y a un an », soupire Hishâm, très actif sur les réseaux sociaux, via une page facebook suivi par plus de 20 000 internautes.
Une pétition y sera lancée ce lundi soir afin de demander le rétablissement de la recherche dans l’intérêt des familles (RIF) supprimée par une circulaire de 2013, sauf dans les cas de disparition inquiétante. « L’objectif, c’est d’alerter les pouvoirs publics sur nos difficultés », explique celui qui dit n’avoir reçu