Charles-Edouard Turquin, disparu à 8 ans le 21 mars 1991 à Nice
est toujours considéré vivant par l’état civil
Une anomalie suspecte pour son père Jean-Louis, qui nie l’avoir tué.
Jean-Louis Turquin... Dans les années 1990, le nom de ce vétérinaire niçois fait régulièrement les gros titres de l'actualité criminelle. Dans la nuit du 20 au 21 mars 1991, son fils Charles-Edouard, 8 ans, disparaît mystérieusement de la superbe maison familiale, sur les hauteurs de Nice (Alpes-Maritimes).
Depuis, le garçonnet n'a jamais donné le moindre signe de vie.
Condamné à vingt ans de prison pour assassinat, Jean-Louis Turquin est sorti de prison en 2006, bénéficiant d'une liberté conditionnelle. Tout au long de ces années, l'homme aujourd'hui âgé de 67 ans n'a cessé de clamer son innocence.
Un nouvel élément pourrait venir appuyer ses dires. A la faveur de démarches administratives, il vient de découvrir que l'acte de naissance de son fils ne comporte aucune mention de son décès, comme cela devrait pourtant être le cas. « Sur les documents d'état civil, cet enfant n'est toujours pas officiellement mort, confirme Me Olivier Morice, l'avocat de Jean-Louis Turquin. C'est assez troublant. »
Une personne disparue depuis longtemps ne peut être considérée comme juridiquement morte qu'après un jugement déclaratif de décès.
Cette décision est rendue par le tribunal, saisi par le procureur de la République qui agit, soit de sa propre initiative, soit à la demande de la famille du disparu. Une procédure que Michèle Balanger, l'ex-femme de Jean-Louis Turquin et mère de Charles-Edouard, aurait dû logiquement engager.
La piste israélienne dans l’impasse.
Jean-Louis Turquin... Dans les années 1990, le nom de ce vétérinaire niçois fait régulièrement les gros titres de l'actualité criminelle. Dans la nuit du 20 au 21 mars 1991, son fils Charles-Edouard, 7 ans, disparaît mystérieusement de la superbe maison familiale, sur les hauteurs de Nice (Alpes-Maritimes).
Depuis, le garçonnet n'a jamais donné le moindre signe de vie.
Condamné à vingt ans de prison pour assassinat, Jean-Louis Turquin est sorti de prison en 2006, bénéficiant d'une liberté conditionnelle. Tout au long de ces années, l'homme aujourd'hui âgé de 67 ans n'a cessé de clamer son innocence. Un nouvel élément pourrait venir appuyer ses dires. A la faveur de démarches administratives, il vient de découvrir que l'acte de naissance de son fils ne comporte aucune mention de son décès, comme cela devrait pourtant être le cas.
Sur les documents d'état civil, cet enfant n'est toujours pas officiellement mort, confirme Me Olivier Morice, l'avocat de Jean-Louis Turquin. C'est assez troublant.
Une personne disparue depuis longtemps ne peut être considérée comme juridiquement morte qu'après un jugement déclaratif de décès. Cette décision est rendue par le tribunal, saisi par le procureur de la République qui agit, soit de sa propre initiative, soit à la demande de la famille du disparu. Une procédure que Michèle Balanger, l'ex-femme de Jean-Louis Turquin et mère de Charles-Edouard, aurait dû logiquement engager.
Car dès le début de l’affaire, cette vétérinaire, décédée en janvier 2014 à l’âge de 61 ans, a toujours répété que son mari avait assassiné leur fils unique. Pourtant, elle n’a jamais saisi la justice pour que soit reconnu le décès. « Il n’y a eu aucune démarche en ce sens », confirme-t-on au parquet général d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), qui n’explique pas non plus la passivité des différents procureurs niçois depuis vingt-cinq ans. « L’absence de démarche de la part de Michèle Balanger est curieuse.
C’est loin d’être anecdotique, insiste Me Olivier Morice. Cela alimente la conviction de Jean-Louis Turquin que son fils est toujours en vie. » Le vétérinaire cherche aujourd’hui à savoir à qui pourrait profiter l’héritage de son ancienne et défunte épouse, qui n’avait pas de famille proche.
« Il serait intéressant d’avoir une traçabilité et l’issue de cette succession, suggère Me Olivier Morice. Il faudrait voir, par exemple, si des fonds ne sont pas transférés en Israël ou ailleurs. »
Pourquoi Israël ?
Jean-Louis Turquin est convaincu que Charles-Edouard y a été caché par sa mère. Moïse Ber Edelstein, l'amant qu'elle avait rencontré deux ans avant la naissance de son fils – et qui pourrait être le père biologique de l'enfant, un test de paternité réalisé à la demande de Jean-Louis Turquin en janvier 1991 s'étant révélé négatif , n'était-il pas juif ?
Et Michèle Balanger n'est-elle pas allée étudier l'hébreu à Jérusalem, en août 1993 ? Des habitants d'Ashdod, près de Tel-Aviv, ne l'ont-ils pas reconnue avec l'enfant ? La piste israélienne aura constitué, tout au long de l'enquête, un véritable serpent de mer. Pourtant, les vérifications de la police israélienne et de la justice française démontrèrent que cette hypothèse, initiée par un détective privé, ne menait nulle part.
« Mais Jean-Louis Turquin, lui, ne l'a pas abandonnée, reconnaît son avocat. En tous les cas, des vérifications sur l'état civil de Charles-Edouard et sur la succession de Michèle Balanger pourraient être entreprises dans le cadre d'une requête en révision de la condamnation de mon client, que je n'exclus pas de déposer. »
Pas de corps, mais des aveux.
Quinze ans après le rejet, en 2001, d'une première demande de révision, basée déjà sur cette fameuse piste israélienne, Jean-Louis Turquin cherche toujours l'élément nouveau qui pourrait l'innocenter.
De son côté, la police niçoise est persuadée que cet enfant timide et craintif n'a pas pu fuguer durant la nuit afin de rejoindre sa mère. Au moment de sa disparition, Michèle Turquin avait quitté le domicile conjugal et demandait un divorce que son époux n'acceptait pas.
Le 21 mars 1991, le bambin était donc seul avec son père. Pour confondre son mari, Michèle Balanger le revoit quelques semaines après les faits et l'interroge sur cette fameuse nuit, un magnétophone caché dans son sac à main. Jean-Louis Turquin avoue alors avoir tué l'enfant, mais ne fournit pas d'indication précise sur le lieu où il l'a enterré.
Cette mère était prête à tout pour savoir ce qu'était devenu cet enfant qu'elle aimait plus que tout , se souvient Me Christian Scolari, son premier avocat. Lors du procès, Jean-Louis Turquin répétera n'avoir fait ces confidences que dans le cadre d'un jeu de rôle pervers. « Mais ces aveux ont pesé lourd, assure Me Christian Scolari. Dans cette affaire où il n'y avait pas de corps, cette mort restait abstraite pour les jurés. » Ils ne mettront pourtant que deux heures et demie à condamner, en 1997, le vétérinaire pour un assassinat qui reste encore à élucider.
J’ai l’espoir que mon enfant me contacte.
Remarié et installé aux Antilles, le père de Charles-Edouard croit toujours que son fils, qui aurait 33 ans aujourd’hui, a été enlevé par sa mère.
Comment avez-vous découvert que votre fils Charles-Edouard n’était toujours pas officiellement décédé ?
Jean-Louis Turquin : Je souhaite aujourd’hui adopter les trois enfants de ma seconde femme (épousée en prison). Mais pour que cette adoption soit légale, il faut que mon premier enfant Charles-Edouard soit d’accord. Comme il a disparu depuis 1991, c’est dur d’avoir son consentement. J’ai donc demandé son extrait de naissance pour prouver qu’il est décédé. Mais à ma grande surprise, j’ai découvert que cette mention n’y figurait pas !
Comment expliquez-vous une telle anomalie ?
Je trouve très étonnant que mon ex-femme n’ait pas fait de démarche pour faire déclarer Charles-Edouard décédé, alors qu’elle était persuadée que je l’avais assassiné. Elle avait intérêt à le faire pour que son nouveau conjoint n’ait aucun problème de succession si elle venait à disparaître. J’ai d’ailleurs appris à l’automne 2015, lors de la diffusion d’un documentaire, que mon ex-épouse était morte à Marseille, en janvier 2014.
Comment avez-vous réagi ?
C’est une femme que j’ai beaucoup aimée. Mais elle m’a fait beaucoup de mal. J’ai voulu savoir si elle avait fait un testament. Les services du fichier national des dernières volontés m’ont indiqué qu’il n’y en avait pas. En revanche, elle a pu rédiger un testament à la main et sous seing privé (sans la présence d’un notaire).
Au moment de notre divorce à Nice, elle a perçu un million d’euros avec la vente de notre maison et de son cabinet vétérinaire. Je ne veux pas que le dernier compagnon de mon ex-femme puisse hériter des biens de mon fils. Je trouverais ça scandaleux, et je suis prêt à m’y opposer !
Pour vous, Charles-Edouard est toujours vivant ?
J’ai l’espoir que mon fils me contacte. Vu la médiatisation de cette affaire, il doit savoir que je vis maintenant sur l’île de Saint-Martin, aux Antilles.
Pourquoi ne le fait-il pas ?
Je ne sais pas. Avant, il voulait protéger sa mère. Mais maintenant qu’elle est morte…
Lors de votre procès et lors d’une demande de révision, vous prétendiez que votre fils était caché en Israël. Pourquoi votre ex-femme ne s’y est-elle pas installée ?
Je n’en sais rien. A ma sortie de prison, je n’avais pas le droit de la rencontrer. Je sais juste qu’elle a vécu à Marseille et près de Beaune (Côte-d’Or). Est-elle allée plusieurs fois en Israël ? Je ne sais pas. Son compagnon, un juif orthodoxe, y va régulièrement de son côté, comme on le voit sur sa page Facebook.
Vous voulez savoir ce qu’est devenu votre fils, mais l’enquête a pourtant révélé que ce n’était pas votre enfant biologique...
Je m’en fous, c’est lui que j’ai élevé, c’est devenu mon enfant.
C’est vrai que ça n’a pas été agréable de l’apprendre. D’ailleurs, on s’est servi de ça pour dire que j’avais un mobile pour l’assassiner. Mais c’est totalement inventé ! Aujourd’hui, je veux savoir ce que Charles-Edouard est devenu. C’est insupportable de ne pas savoir.
Je préfère le savoir mort que de ne pas savoir. Propos recueillis par Jean-Pierre Vergès
https://www.leparisien.fr/week-end/vingt-cinq-apres-l-affaire-turquin-rebondit-25-05-2016-5828769.php