Madjid AHAMADI, 25 ans, disparu à Besançon (25) le 19 novembre 2023
Le jeune basketteur de 24 ans a disparu dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023 après une sortie en discothèque au bord du Doubs à Besançon (Doubs). Un an après, sa famille continue à le chercher, et ne croit pas une noyade accidentelle.
"Je deviens folle, je veux savoir, se lamente Jeannina Assani N'Day. On n'a pas de nouvelles, la police ne nous dit plus rien, je ne sais plus quoi faire." Voilà bientôt un an que son fils de 24 ans a soudainement disparu. Madjid Ahamadi a été vu pour la dernière fois dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023, à la sortie de la discothèque Le QG à Besançon (Doubs). Il n'a plus donné signe de vie depuis.
La mort d'un militaire guadeloupéen de 26 ans, roué de coups par trois agresseurs dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 novembre derniers, presque au même endroit, a ravivé en elle de douloureux souvenirs. "C'est toujours dur, pour moi, pour son père aussi, pour ses deux frères et ses deux sœurs", confie-t-elle à France 3 Franche-Comté.
Disparu sans laisser de traces
Car on ignore toujours ce qui s'est vraiment passé ce soir-là. "Je l'ai eu au téléphone ce soir-là vers 22h30 ou 23h, il allait bien, il rigolait, raconte Jeannina. "Il m'a dit qu'il passerait à la maison le dimanche. Depuis je l'attends toujours."
Le jeune basketteur du Bes.AC Basket, un club bisontin, faisait la fête après un match, avec ses coéquipiers. Il a été filmé vers 3h30 du matin par une caméra de vidéosurveillance, braquée vers le parking de la boîte de nuit. Les images le montrent "très alcoolisé", selon les enquêteurs, et soutenu par un de ses amis. Celui-ci dit l'avoir raccompagné jusqu'à sa voiture, garée sur une voie au bord du Doubs, pour qu'il puisse récupérer. Et il l'a même enfermé à l'intérieur, assure-t-il. Vingt minutes plus tard, le véhicule était vide. Sans aucune trace de Madjid.
D'importants moyens sont déployés dès le lendemain, le 20 novembre, pour retrouver le jeune homme, originaire de Mayotte. Les policiers fouillent toute la zone avec un Saint-Hubert, un chien spécialement dressé pour retrouver des personnes disparues. Il ne marquera vraiment qu'au niveau de la voiture. Des sapeurs-pompiers plongeurs inspectent en vain les berges du Doubs. La rivière était en crue. Le courant y était très fort cette nuit-là, l'eau glaciale. Les enquêteurs pensent à une noyade accidentelle ou une hydrocution.
De leur côté, famille et amis multiplient les appels à témoin. De nouvelles recherches sont entreprises par les pompiers et les policiers en janvier 2024, mais là encore, sans résultat. Le corps de Madjid n'a jamais été retrouvé.
"Un an après, on n'est pas plus avancé "
"Un an après, on n'est pas plus avancés que le premier jour, c'est ça qui est fou", déplore aujourd'hui Ruben Ignakpelila, l'ami d'enfance de Madjid. Il a participé aux recherches. Avec beaucoup d'autres. "On n'a rien du tout, on n'y croit plus trop et en même temps, on a toujours de l'espoir, c'est ça qui fait mal."
"C'est une période qui n'est pas simple", avoue Juliette Bulle, la petite amie de Madjid qui aimerait, elle aussi, tourner enfin la page et ne souhaite pas revenir sur cet "accident" qu'elle a fini par accepter. La mère du jeune homme ne demanderait pas mieux, mais elle ne peut pas se résigner. Elle veut connaître la vérité. Coûte que coûte.
Je veux juste savoir ce qui est arrivé à mon fils. On me dit qu'il est dans l'eau mais on ne trouve pas son corps. Je ne peux pas faire mon deuil. J'essaie d'être forte. Mais tant qu'on ne me rendra pas son corps, je penserai qu'il est en vie quelque part.
Jeannina Assani N'Day, mère de Madjid.
Amina Assani N'Day elle, est partagée "entre chagrin et colère". Car pour la tante de Madjid, il y a encore trop de zones d'ombre dans cette affaire. "On ne croit pas du tout à un accident", explique-t-elle. Et le drame récent comme les incidents répétés autour de cet établissement de nuit bisontin l'interrogent."Quand on voit qu'il y a une rixe et un mort à cause d'un numéro de téléphone, on peut se poser des questions", affirme-t-elle.
Et avec elle, c'est toute la famille qui demande aujourd'hui à la police et à la justice de reprendre toute l'enquête. "Il faut réinterroger les amis de Madjid et les gérants de la discothèque, souhaite Amina. Il y a des éléments qui sont passés à la trappe comme la carte d'identité de Madjid. Il l'avait laissé aux patrons du QG pour régler une dette d'alcool. Il devait rembourser le soir de sa disparition."
Enquête parallèle
En août 2024, les policiers ont présenté à la famille une chaussure trouvée dans le Doubs pour savoir si elle appartenait au disparu. "Ce n'était pas une chaussure de Madjid, indique la mère du jeune basketteur. Je connais tous ses vêtements et je pourrais même reconnaître un bout de t-shirt qui était à lui si on en trouvait un. Ils ont fait aussi un prélèvement d'ADN."
"Aujourd'hui, on sait que la police ne peut plus nous aider, regrette Amina, sa tante. Ils savent juste nous dire qu'il est tombé à l'eau. On ne peut même pas porter plainte, car c'est toujours une disparition inquiétante." La famille ne peut plus compter dit-elle que sur l'association Assistance et Recherche de Personnes Disparues (ARPD). Elle a été créée en 2003 et elle est composée d'environ 500 enquêteurs bénévoles sur tout le territoire.
Noyade accidentelle, disparition volontaire, agression ? L’association a balayé toutes les hypothèses, sans en exclure aucune. Elle a exposé tous les éléments connus, soulevé toutes les questions. Les premiers résultats de ces investigations sont présentées dans une longue vidéo mise en ligne sur YouTube.
Et elle continue à chercher des indices et des témoignages. "On est toujours dessus, assure Claire Descargues, la présidente Bourgogne-Franche-Comté de l'ARPD, qui se refuse pour l'instant à en dire davantage. C'est une grosse affaire et on ne peut rien divulguer de plus."
"Il n'a pas sauté dans l'eau, il y avait beaucoup de monde autour, si ses copains me cachent quelque chose, il faut qu'ils me disent tout, implore Jeannina. On ne peut pas laisser une mère en souffrance comme ça."
Écrit par Emmanuel Deshayes
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